Les matériaux biosourcés

Le vrai enjeu des matériaux biosourcés

La construction  / réhabilitation moderne et durable introduit des matériaux biosourcés à toutes les étapes de la production des bâtiments. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons :

  • ils stockent durablement le carbone et présentent des cycles de productions peu émetteurs de gaz à effet de serre (et on sait que le réchauffement climatique impose de réduire le coût carbone dans le secteur du bâtiment, grand consommateur d’énergie fossile)
  • ils sont issus de matières renouvelables aux multiples propriétés, ils stockent naturellement le carbone. Alors que certains matériaux de construction dits « traditionnels » utilisent des ressources naturelles qui s’épuisent. C’est le cas par exemple du sable de rivière qui sert à faire le béton…
  • leurs caractéristiques intrinsèques favorisent leur faible impact sanitaire et environnemental (le cycle de vie des matières biosourcées est aussi intéressant lorsqu’il s’agit de recycler les constructions, lorsqu’elles ont atteint la fin de leur utilité ou qu’il faut les réhabiliter)
  • leurs propriétés hygrothermiques favorisent l’obtention d’un confort accru (régulation du taux d’humidité, amortissement des variations de température, …)
  • ils facilitent la transition du secteur du bâtiment dans une logique d’économie circulaire
  • ils sont particulièrement adaptés au développement de filières locales et sont porteurs de création d’emplois non délocalisables

Quelle définition pour un matériau biosourcé ?

Il faut qu’il soit issu du vivant. Bio en grec, c’est la vie. Les matières biosourcées sont donc soit d’origine végétale (bois, paille, chanvre, coton…), soit d’origine animale (laine…). On retirera de cette définition les matières fossiles ou géologiques, comme le pétrole ou le charbon, qui sont aussi issues de la biomasse végétale. Il faut qu’une certaine part de matière biosourcée soit contenue dans un produit de construction mis en œuvre dans le bâtiment, pour avoir un matériau biosourcé.

Avec la lutte contre le réchauffement climatique, la filière des matériaux biosourcés se développe et connaît une notoriété nouvelle auprès d’un large public, car elle est une réponse aux enjeux écologiques du développement durable. Que l’on soit dans la problématique du neuf ou de la rénovation des bâtiments, les biosourcés ont leur rôle à jouer. D’autant plus que la réglementation environnementale évolue pour que les filières des matériaux biosourcés soient de plus en plus actives dans la construction, pour que ces produits durables de qualité prennent une part importante dans l’habitat des années futures.

Nature

Quels sont les principaux matériaux biosourcés ?

Fibres végétales ou animales, … nous les utilisons depuis des centaines d’années. Si jusqu’alors ils pâtissaient d’un manque de caractérisation techniques (caractéristiques mécaniques, thermiques, hygrothermiques, acoustiques), ce n’est plus à l’ordre du jour et ils sont désormais capables de concurrencer les produits conventionnellement utilisés dans le bâtiment depuis quelques décennies. Plus fort encore, ils se forgent sans cesse de nouveaux atouts grâce au nombre considérable de programmes de recherche et d’innovation dont ils sont la star.

Le bois

Le principal est très certainement le bois ! Utilisé dans la construction depuis la nuit des temps.
Nous le disions en préambule : le sable utilisé pour la construction est de plus en plus rare. Pas uniquement en France, mais dans le monde entier. Il faut donc trouver des alternatives au tout béton.
La filière bois fait merveille pour remplacer le béton dans le secteur du bâtiment. On le retrouve pratiquement à tous les niveaux dans un habitat durable : dans la structure (les maisons à colombage ont montré leur durabilité), dans les murs, l’ossature, les parements, le plancher, la menuiserie bien entendu, les portes, fenêtres, les huisseries…, la charpente, la décoration, etc.
Le bois est multiforme et multifonction. Le bois est une ressource naturelle disponible localement, partout en France. Construire un bâtiment en bois, c’est fixer le carbone pour toute sa durée de vie.

Le chanvre

La paille de chanvre (chènevotte) mélangée à la chaux servant de liant, constituent le béton de chanvre. Sa légèreté, son inertie thermique et acoustique font de ce biomatériau un excellent isolant pour les sols et les murs non-porteurs.  Ce mortier végétal sert aussi à faire des enduits.

La laine de chanvre, en panneau, en rouleau ou en vrac, bénéficie d’une excellente performance pour l’isolation sous toiture des combles ou pour le doublage des murs de nos bâtiments. L’impact environnemental du chanvre est très réduit : sa culture nécessite peu d’eau, et très peu de pesticides ou d’engrais chimiques.

La paille

Les bâtiments en structure bois et torchis de terre et de paille sont de beaux exemples de durabilité. Avec la paille, certaines personnes ont encore tendance à craindre le feu, les insectes ou les rongeurs. Mais le feu ne se propage pas facilement dans la paille compressée, recouverte d’un enduit de terre crue et de chaux. Les tests réalisés à ce jour ont même démontré qu’une paroi paille pouvait tenir un rôle de retardateur de feu en profitant de ses capacités à être un bon écran thermique. Sans les graines, la paille n’intéresse ni les rongeurs, ni les insectes parasites.

Important : la paille est utilisable en mur porteur ainsi qu’en toiture. Elle présente un excellent déphasage thermique et une bonne isolation acoustique, pour le confort des habitants.

La ouate de cellulose

La ouate de cellulose est un biomatériau d’isolation dont les performances thermiques lui permettent de figurer parmi les plus employés dans la construction écologique. C’est un classique apprécié pour sa qualité, ses performances et son coût attractif dans un projet de bâtiment durable.

La ouate de cellulose est le fruit du recyclage de déchets : on la produit à partir de papier journal ou à partir de carton recyclés (spécificité régionale en Bourgogne-Franche-Comté). On l’utilise sous forme de panneaux ou en vrac.

Et les autres..

  • Les toits de chaume couvrent les maisons depuis des siècles. Le chaume a même donné le nom de chaumière. Voilà un matériau biosourcé !
  • Le liège, éco-matériau de qualité, est connu et reconnu depuis toujours pour ses performances acoustiques et ses propriétés isolantes.
  • Comme pour le chanvre, la fibre végétale de lin sert à faire du béton végétal ou des matériaux de construction composites. L’huile de lin à partir de la graine sert à faire des liants et des peintures à l’huile et les revêtements. Son utilisation ne date pas d’hier, mais la recherche permet continuellement des progrès dans les produits réalisables et les projets imaginables.
  • L’amidon de maïs est utilisé comme matériau biosourcé en peinture et en décoration.
  • Le miscanthus, une plante originaire d’Asie, mais cultivable dans nos régions, est employé en tant que matériau biosourcé pour faire du béton (pouvant être porteur). Le miscanthus ne nécessite ni engrais ni pesticides et n’a pas besoin d’être ressemé chaque année.
  • La laine de mouton est une alternative renouvelable pour remplacer les laines minérales dans l’isolation.
  • Les textiles recyclés, le coton, sont des ressources de qualité pour fabriquer des panneaux isolants ou d’autres éco-matériaux pour l’isolation.

Et ce ne sont que quelques exemples parmi tous les produits disponibles à ce jour ou en voie de l’être très prochainement. Si, pour la plupart, les produits biosourcés sont issus d’une tradition ancestrale, ils profitent également de large programmes de R&D et bénéficient d’une dynamique extraordinaire sur les champs de l’innovation.

Alors quels rôles les matériaux biosourcés ont ils à jouer dans l'éco-construction ?

Ils sont renouvelables par nature. Avec des forêts bien gérées, le bois est une ressource inépuisable. Par définition, l’une des caractéristiques du vivant est sa capacité de se reproduire.

La mise en œuvre des matériaux biosourcés dans l’éco-construction permet la valorisation des déchets ou des produits résiduels, comme la paille, qui résulte de la production des céréales. En les utilisant pour une cause aussi noble que la construction, on leur offre une deuxième opportunité. On leur confère une vraie valeur dans le circuit économique.

Quand on parle de matériaux biosourcés, il est toujours question d’économie circulaire, de circuits courts, de nouveaux emplois locaux pour les activités agricoles et industrielles qui sont liées à leur production.

Les règles de la rénovation énergétique favorisent l’utilisation de tels matériaux, car leur faible emprunte carbone offre un réel avantage par rapport aux autres matériaux de construction.

Un panneau d’isolation thermique se doit d’être performant. C’est le cas avec tous ces bio-isolants : le liège, la fibre de bois, la ouate, la paille, la laine de chanvre, de coton ou la laine de mouton remplissent parfaitement leur mission. La recherche scientifique et technique est très active pour développer ces filières et permettre aux entreprises de changer leurs façons de faire, pour assurer leur transition écologique.

 

Globalement, les matériaux biosourcés ont une bonne inertie, qui leur confère un excellent déphasage : la chaleur met plus de temps à rentrer dans la maison. Ce déphasage assure un meilleur confort estival.
Notons leurs propriétés de régulation hygrothermique et d’absorption acoustique.

Quiconque a déjà manipulé de la laine de verre, sait à quel point cette matière peut être irritante. Cet inconvénient n’est pas de mise avec les matières isolantes biosourcées. De tels biomatériaux contribuent à la production de bâtiments plus sains et à un habitat plus confortable à vivre.

Notons par ailleurs que les pouvoirs publics incitent et encouragent les promoteurs, maîtres d’œuvre, les bâtisseurs et les architectes à se tourner vers une architecture plus verte en construisant plus durablement. L’État a donc créé le label « bâtiment biosourcé » en 2012, attribué pour récompenser les efforts des acteurs du bâtiment dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le label « bâtiment biosourcé » possède 3 niveaux, en fonction du nombre de familles de produits de construction biosourcés à la date d’achèvement du bâtiment.

En France, la réglementation évolue. La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte incite fortement les acteurs de la construction à accélérer la croissance verte. L’utilisation des matériaux biosourcés dans le bâtiment fait partie intégrante de ces nouvelles dispositions.

Ces matériaux de construction issus de la biomasse préservent les ressources de la terre et respectent l’environnement. Produits localement, ils contribuent au bon développement responsable de l’économie de nos territoires. On peut parier sans risque que les biomatériaux ont un avenir radieux dans l’univers de la construction.